Après avoir écrit Les Femmes de Pakadjuma, publié en 2019, Ange Kasongo continue de nourrir la crème intellectuelle, cette fois-ci avec une œuvre qui tente de revisiter l’usage et l’appropriation des réseaux sociaux par les Congolais pendant la campagne électorale de 2018 en RDC et la montée des fake news au cours de la période post-électorale.
Intitulé «Balobaki. La démocratie congolaise à l’heure des réseaux sociaux, des fake news et de la manipulation», ce récit de 164 pages, publié chez l’harmattan et préfacé par Colette Braeckman, a été présenté lors d’une cérémonie organisée ce vendredi 8 décembre à l’institut français de Kinshasa. C’était en présence notamment du professeur Pierre Nsana et de l’ancien recteur de l’Ifasic, Jean-chretien Ekambo.
Fière de voir sa plume faire florès, la journaliste Ange Kasongo, a rappelé les circonstances dans lesquelles ce livre est écrit.
«Ce livre est parti d’une envie d’être sur le terrain, à Kinshasa, alors que j’en avais pas la possibilité, parce qu’à l’époque j’étais bloqué en France pour attendre mon diplôme. Mais je voyais à quel point les réseaux sociaux avaient tellement bousculé la manière de communiquer mais aussi d’informer. Le journaliste qui allait sur le terrain, avant même d’écrire l’article, postait déjà des tweets sur les réseaux. J’avais le sentiment que je n’étais pas seule dans ma soif d’informer et d’être informée en même temps. Parce que le journaliste informe et le citoyen aussi essaient de partager tout ce qu’il voit autour de lui. Le journaliste a perdu le monopole de l’information. C’est comme ça que je prenais de petits textes, des captures d’écran que je mettais à côté», fait-elle savoir.
Et d’ajouter l’intérêt qu’elle a toujours porté sur ce sujet du processus électoral en RDC, puisqu’en licence, elle avait consacré son mémoire sur «Le traitement de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire» (sous Laurent Gbagbo).
«J’avais déjà un intérêt sur ce sujet et j’étais un peu soucieuse de ne pas être à Kinshasa. Du coup, je me suis dit que les réseaux sociaux nous donnent accès à tout, et ça peut aussi être un élément pour voir comment cela influence la communication, tant de l’émetteur au récepteur. Et à la fin ça a donné ce bouquin, pour raconter avec mon regard de journaliste, de kinoise et de jeune aussi, qui était en attente du changement, mais également de participer à la première alternance pacifique du pays. C’est l’ensemble de tout ça qui m’a motivé à écrire ce livre»
Pour cette formatrice en journalisme fact-checking, l’objectif du livre Balobaki est de sensibiliser la communauté sur l’attitude à avoir face à une information.
«Si ça peut aider à travers ce bouquin, ça serait une bataille de plus qu’on aura mené contre le Fake news, qui est un candidat de taille à ne pas déconsidérer pendant cette période électorale», dit Ange Kasongo Adihe, fondatrice du site Balobaki Check.
À cette occasion, le professeur Pierre N’sana n’a pas caché son euphorie :
«Je découvre avec honneur, une narration combinant les qualités de l’écriture journalistique bien maîtrisée, à la rigueur d’une démarche scientifique bien contrôlée. Si bien que j’en suis arrivé à penser que Ange a réussi à rapprocher, je dirais mieux, à réconcilier, par son œuvre, le scientifique et le journaliste. En effet, dès l’introduction de ce livre, l’auteur décrit avec des mots simples, la brutalité du bouleversement paradigmatique qui s’est opérée en interval de deux cycles électoraux, dans la pratique de la communication politique grâce à l’avènement des réseaux sociaux. Dans un style à la fois libre, pointu, et parfois aérien, elle raconte et se raconte elle-même à travers l’histoire électorale récente de la RDC».
Pour votre gouverne, Balobaki Check s’est inspiré de POLITIFACT20 (lancé en 2007 aux Etats-Unis). Ce site, basé en RDC, consacre l’essentiel de son contenu sur le journalisme de vérification des faits. Une façon exquise d’honorer le journalisme.
Samuel Ndolo