Depuis sa déchéance au poste de présidente de l’Assemblée nationale, Jeanine Mabunda mène une vie presque recluse. Elle n’intervient que dans des conférences à l’extérieur ou à l’étranger, et se fait absente dans la sphère politique. Les élections sont proches, elle arrive, probablement.
Dans les méandres de l’histoire d’un pays, les souvenirs servent à marquer les temps, les saisons et les périodes. Entre les lignes de l’histoire de la République démocratique du Congo, il y a des milliers de souvenirs sans aucun doute. Des souvenirs liés aux événements, bons ou mauvais ; des souvenirs des hommes et des femmes qui ont marqué leur temps par leurs idéaux, actions et accomplissements. Parmi lesquels on citerait Jeanine Mabunda Lioko, l’un des ténors qui ont, avec force et bravoure, relevé le drapeau de la dignité féminine.
Femme poigne, âme candide et un politique modèle pour sa génération, elle semble promise au bonheur et à une brillante carrière dans la politique, quand bien même son évincement à la tête du bureau de la Chambre basse du Parlement inquiète plusieurs sensibilités.
Du jour au lendemain, des multiples questions surgissent relativement à son apport dans la vie politique de la République, mais aussi à celle de ses électeurs, les bumbatraciens, qui l’ont permis de retrouver, pour la seconde fois, son siège à l’Assemblée nationale après la législative nationale de 2018.
Son tort ? Demeurer fidèle au perdant de la présidentielle de 2018, Joseph Kabila avec son dauphin Emmanuel Shadary. Sa malchance ? Se ranger dans le rang des opposants pour la première fois dans sa carrière politique. Finalement, le hasard ne s’est pas improvisé au hasard sur son chemin, elle tire quelque chose de ces expériences et c’est des pages claires de son histoire qui sont remplies.
L’habitude de surprendre
Les personnes silencieuses sont celles qui ont beaucoup à dire, dit-on. Mabunda n’a peut-être pas peur de paraître et de parler. Elle attend, semble-t-il, le bon moment. Serait-ce les élections ? Mais bon, 2023 est une année électorale. Les processus pointent, d’ores et déjà, le bout du nez. Le son des tambourins se fait entendre ça et là mais, Mabunda, de son côté, garde encore la surprise.
Surprendre est la coutume de son camp politique. Dans le passé récent, alors que la bataille pour le poste de président de l’Assemblée nationale faisait rage au sein du FCC, le choix de Joseph Kabila, chef de file dudit regroupement, était porté sur Jeanine Mabunda. C’était là un contre-pied parfait et bien taillé. Quelle surprise !
S’occuper en attendant…
De temps à autre, Mabunda essaye de sortir de son cocon. Dans les réseaux sociaux, les mots qui vont dans le sens d’encourager les jeunes filles, leur donner plus d’espoir et garantir l’espérance d’un avenir meilleur ne cessent donc de couler telle une fontaine. « Engagez-vous les filles. Aujourd’hui, le monde a besoin d’une nouvelle génération inspirante. Rien ni personne ne peut vous arrêtez si vous connaissez vos droits », ce sont là les phrases d’encouragement de l’ancienne conseillère de l’ancien chef de l’Etat, Joseph Kabila, alors en charge de la lutte contre le violence sexuelle, prononcées lors de la cérémonie d’ouverture du Forum des filles. N’est-ce ce pas là une manière pour Mabunda d’agir en attendant, oui entendant les élections.
Il faut donc souligner que Mabunda est une dame qui témoigne d’un cursus bien rempli. Première femme à occuper le poste de présidente de l’Assemblée nationale, elle a été élue deux fois députée nationale, en 2011 et 2018. Ministre du portefeuille congolaise de 2007 à 2012, Mabunda a courageusement mis en route le processus de réforme des entreprises publiques avant que son successeur ne prenne la relève.
De surcroît, elle est experte en sciences commerciales avec un riche parcours professionnel. Il y a sûrement des rouleaux à remplir s’il faut parler de Jeanine Mabunda Lioko de manière détaillée, certes. Les bumbatraciens attendent avec impatience le retour chaleureux de leur fille, quoi qu’elle soit occupée autrement. En attendant, elle arrive…
Par Samuel Ndolo